Peine perdue by Olivier Adam

Peine perdue by Olivier Adam

Auteur:Olivier Adam [Adam, Olivier]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Adam, Côte d'Azur, station balnéaire, touristes, agression, tempête, disparitions, drames, communauté, crise
Éditeur: Flammarion
Publié: 2014-04-14T22:00:00+00:00


3

Paul et Hélène

Ils ont quitté l’hôtel accrochés l’un à l’autre. Cela fait bientôt une semaine qu’ils sont là et chaque jour ils font la même promenade, emmitouflés dans leurs manteaux, leurs écharpes, leurs bonnets, longeant lentement la mer, s’accordant de longues haltes silencieuses à la faveur d’un banc sans arbre pour l’assombrir. C’est pour eux un trajet familier, minimal au regard des années passées ici dès qu’ils le pouvaient, dès que le travail les en laissait libres, puis durant les premiers temps de leur retraite. Ils ne sont plus venus depuis six ans. N’ont pas quitté le pavillon de Soisy où ont grandi leurs enfants, où ils vivent tous les deux parmi les pièces qui ne servent plus que rarement, à l’occasion d’une fête, d’un anniversaire. Leur horizon désormais réduit à son rez-de-chaussée, salon soigné où entre la lumière l’après-midi, dessinant sur le tapis les croisillons des fenêtres. Couvertures en laine. Théières. Tissus anglais. Beaux livres. Bouquets de fleurs séchées. Mozart et Schubert. Et le piano droit où se sont exercés les trois enfants.

L’univers d’Hélène en somme. Son goût pour l’automne. Les romans.

La peinture impressionniste. L’âge d’or de la comédie hollywoodienne et les films de Claude Sautet. Sami Frey Yves

Montand Romy Schneider. Michel Piccoli. Imperméables beiges et Peugeot, serveuses des vieux cafés, cigarettes. Téléphone au comptoir. Woody Allen. Barbara. Les jardins, rosiers pivoines azalées et camélias.

Il trouve un peu étrange d’être ici. De loger à l’hôtel. De n’être pas chez soi. De demeurer au niveau de la mer. Après avoir passé tant de semaines puis de mois dans leur maison perchée là-haut, en surplomb de la baie, accrochée au Rastel variant du rose pâle au rouge orangé selon les heures, l’inclinaison de la lumière, les saisons. Bien sûr c’est là qu’elle aurait aimé séjourner pour la dernière fois. Il le sait bien. Une dernière fois regarder le soleil plonger dans l’eau depuis la terrasse. Une dernière fois se balancer dans le rocking-chair, la vieille couverture en laine la protégeant de la fraîcheur, une tasse de thé brûlant entre les mains, Billie Holiday déchirante au salon. Une dernière fois descendre par le petit chemin au milieu des jardins, maisons roses et terrasses de pierre blonde, piscines planquées derrière les bougainvilliers, les lauriers-roses, frayant parmi les oliviers, les arbousiers, une dernière fois déboucher sur la petite plage à l’est de la baie, le promontoire s’enfonçant dans l’eau d’une immobilité inconcevable. Une dernière fois replonger au cœur des étés heureux et calmes, brassées de marches dans le massif lézardé de torrents qu’asséchait juillet, canyons miniatures et vallées orange et vertes sous les parois cramoisies, hautes falaises et maquis en plateaux, végétation rase et cramée, parfums séchés de résine et d’herbes. Nuées de plages longées dans le soir, dans la tiédeur parfaite de l’eau d’août ou de septembre, grands gestes fluides des bras réguliers, enfants s’élevant au fil des années, toujours à demi nus dans la lumière blonde, bientôt adultes et accompagnés d’enfants à leur tour, pareillement vêtus de shorts et la peau brunie,



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